« On n’est jamais mieux servi que par soi même » est un proverbe plus véridique à la télévision ou au cinéma. Depuis leurs créations, les séries télévisées qu’elles soient américaines ou françaises n’ont cessé de multiplier les stéréotypes et notamment envers les minorités ethniques. Pour cause, un manque de représentation dans les équipes d’écriture. Les minorités visibles étaient absentes des plateaux de tournage ou alors leurs lorsqu’elles étaient présentes, elles furent cantonnées à des rôles clichés. Que ce soit en France ou aux Etats-Unis, les personnes non blanches n’incarnaient que des rôles associés à des stéréotypes liés à leur appartenance ethnique.
Cependant, au fil du temps, les métiers se sont démocratisés et on assiste à un changement des représentations des personnes racisées et noires à la « télévision ». Il ne suffisait pas seulement d’intégrer les salles d’écritures ou faire partie du tournage, désormais ce sont elles qui sont à l’initiative de projets. Shonda Rhimes, scénariste et productrice américaine reflète parfaitement cette évolution de part son ascension fulgurante dans le monde de la télévision.
Cette dernière est l’origine de séries comme "Grey’s Anatomy", "Scandal", How to get away with Murder" grâce auxquelles elle a réussi à construire un empire intitulé Shondaland. Récemment, elle a été sollicitée par Netflix qui diffusera prochainement la nouvelle série produit par sa société de production, « Bridgerton ». En étant à la tête de productions, elle a permis la création de personnages noirs emblématiques offrant de meilleures représentations de sa communauté. On se souvient d’Annalise Keating, incarnée par la grande Viola Davis, une avocate réputée dans la série HGTAWM (How to get away with murder) ou encore Olivia Pope, experte en relations publiques à succès dans « Scandal ». Nulle doute que sa réussite n’est permise le succès respective de la comédienne Issa Rae et de l’humoriste Ramy Youssef.
Insecure d’Issa Rae, une audience cosmopolite
En octobre 2016, HBO diffuse pour la première fois pour "Insecure", série créée par Issa Rae, basée sur sa web-série « Awkward Black Girl ». L’histoire se focalise sur les mésaventures professionnelles et personnelles d’Issa Dee, jeune afro-américaine proche de la trentaine habitant à Inglewood, en Californie. En mai dernier, la chaine signait pour une cinquième saison pour 2021 après le succès de sa quatrième saison. La série à été nommée plusieurs fois à des cérémonies comme les Golden Globes et a obtenu des récompenses.
"Insecure" a bonne critique et ce grâce au jeu d’acteur de ses comédiens, les sujets qu’elles abordent avec simplicité et son authenticité. Les téléspectateurs à travers le monde ont été charmés par les épisodes qui retranscrivent avec justesse les tribulations de la jeunesse noire américaine. Son réalisme n’a pas seulement touché la communauté afro-américaine mais tous types de profils. Elle vient donner tort à ceux qui trouverait que les productions audiovisuelles avec un casting à majorité noir ne parleraient qu’à un public noir. Tout le monde peut se retrouver dans les personnages que ce soit d’Issa Rae, une jeune femme un peu perdu, de son petit ami Lawrence ou encore de Molly, sa meilleure amie, une carriériste perfectionniste tant dans sa vie professionnelle que personnelle.
De part ce fait, on fait la conclusion que les auteurs noirs sont non seulement capables d’écrire de meilleures personnages noirs car ils sont directement concernés mais également de faire de ces derniers, des personnalités universelles permettant à tout ceux qui ne leurs ressemblent pas de s'identifier.
Ramy et l’importance d’être concerné
Les américains n’ont jamais été les meilleurs pour parler des communautés musulmanes, les français également donc Ramy Youssef a crée sa propre série. Disponible sur la plateforme Hulu en avril 2019, « Ramy » suit les péripéties de Ramy Hassan, jeune millénial et fils d’immigrés égyptiens qui jongle entre son mode de vie américain du New Jersey et le poids de ses traditions. A travers les deux saisons, Ramy Youssef dresse un portrait inédit et proche de la réalité d’une famille étrangère musulmane dans un pays occidental. On suit son cheminement entre sa double identité et les difficultés d’être un adulte à notre ère. La première saison de Ramy a d’ailleurs été récompensée aux Golden Globes, en effet Ramy Youssef a eu un prix pour son premier rôle dans une comédie.
Pour ma part, je me suis reconnu à travers son personnage car la série touchait la question de la double culture et d’être la deuxième génération issue de l’immigration dans un pays occidental. Cela veut dire que la cible a été atteinte quelque part car j'ai réussi m'identifier alors que je n'étais pas directement concerné. En ce qui concerne la question de la religion, elle a été intelligemment illustrée contrairement aux stéréotypes islamophobes dont font souvent preuves les productions américaines.
Constat, à travers ses deux séries, on se rend compte que donner la parole aux concernés est plus que nécessaire pour éviter la propagation de clichés et que contrairement aux idées reçues, la présence majoritaire d’une minorité dans un casting n’exclut pas les non-concernées. Une audience hétérogène peut s’adapter à toutes productions, pour preuve, les drames coréens font succès dans les pays occidentaux.
Alors est-ce que cela veut dire que les scénaristes noires ne doivent écrire que des personnages noirs ? Ou que les auteurs nord-africains doivent parler uniquement de leur propre environnement ? Devons-nous être concerné pour écrire une histoire ? Toutes ses questions ne peuvent être répondues dans le sens où création artistique ne devrait pas vraiment avoir de limites. Néanmoins, si ces deux exemples peuvent permettre tendre vers une présence plus accrue des minorités sur les plateaux ou salles d’écritures ou bien de se se tourner vers l’indépendance afin d’être à la tête des productions, ce serait une avancée considérable qui profitérait à tous.
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