Hier soir en prime time, France 2 diffusait les derniers épisodes de la série « Dix pour Cent ». Après deux ans d’absence, la série faisait son retour avec sa quatrième et probablement dernière saison. Lancée en 2015, "Dix pour cent" met en scène le quotidien de Mathias, Gabriel et Andréa, trois agents de cinéma au sein de l’agence artistique A.S.K. A chaque épisode, on retrouvait un ou plusieurs guests, de stars de petit écran à youtubeurs, chanteurs et dans la majorité, des acteurs de cinéma incarnant (plus ou moins), leur propre rôle. Le succès fut tellement grand, que le géant Netflix a acquis des droits de diffusion qui la rend disponible à l’international. Au fil du temps, "Dix pour cent" a conquis une audience toujours aussi grandissante tant française qu’étrangère et s’est imposée comme la série française du moment.
La raison de sa popularité tient non seulement de son casting cinq étoiles, avec des stars pour guests (Jean Dujardin, Isabelle Adjani ou encore Jean Reno) mais aussi ses acteurs récurrents (Notamment Camille Cottin vu dans « Connasse »). De plus, à cela s’ajoute une intrigue ficelée, un bon jeu d’acteur et une modernité des thèmes. La série made in France Télévisions se veut révolutionnaire que ce soit dans sa représentation des minorités ou au vent de fraicheur qu’elle a apporté au paysage audiovisuel hexagonal peu familier aux séries télévisées.
Ce que j’ai aimé dans la série :
Les projecteurs sur un métier assez méconnu
Le métier d’agent artistique peut faire rêver mais on ne sait pas vraiment à quoi il consiste. Il s’apparente au rôle de manager qu’on peut retrouver dans la musique mais garde ses spécificités. Avant de commencer la série, j’avais du mal à différencier le rôle d’un agent et celui d’un attaché de presse. C’était intéressant d’en connaitre un peu plus, de rentrer dans l’univers du métier. Ce n’est pas la première série ayant pour thème ce métier atypique mais cela n’avait jamais vraiment été abordé sous cet angle auparavant et ça même chez les américains. Certains se souviennent peut-être du rôle d’Ari Gold dans la série "Entourage" mais dans cette dernière, le métier d’agent n’est pas au coeur de l’intrigue.
Je dois dire que les premiers épisodes m’ont rappelé la vibe de la série "Scandal" avec ses « Gladiateurs en costume » même si les deux séries n’ont rien à voir au final. Dans "Dix pour Cent", Andréa et ses acolytes sont chargés (en gros), de résoudre les problèmes (les conseiller et négocier leurs contrats également), parfois ridicules, de leurs clients. Ils résolvent leurs problèmes comme le ferait un détective privée, ce qui n’est pas sans rappeler des épisodes de séries policières. D’ailleurs, elle emprunte le rythme épisodique (une intrigue différente à chaque épisode) comme ces dernières mais suit en même temps un fil rouge. Tout au long des saisons, on peut suivre l’évolution des personnages.
Ce qui m’a dérangé dans la série :
Le sous développement des personnages
Encore une fois, comme dans l’article précédent, ce que je souligne est la sous-exploitation du potentiel scénaristique des personnages. C’est un problème récurrent dans les séries françaises donc je vais passer au cas par cas.
Le personnage de Camille : L’élément déclencheur qui lance l’intrigue de la série coïncide avec l’arrivée de Camille (interprété par Fanny Sydney), fille illégitime de l’agent réputé Mathias Barneville, chez A.S.K. C’est de part ses yeux innocents qu’on entre dans l’univers de la série. On apprend le métier d’agent avec elle et il me semblait logique avec cette mise en scène, qu’elle soit le personnage central de la série. Cependant, l’assistante d’Andréa, n’apparait pas dans le générique avec les acteurs principaux et on se rend vite compte qu’elle n’était qu’un procédé utilisé pour entrer dans l’intrigue.
Ce qui m’a dérangé c’est qu’on puisse passer à côté de son potentiel narratif et de son évolution. Alors, il est vrai qu’au début de la série, elle n’est qu’assistante qui peine à faire sa place dans le milieu mais au fil du temps, elle se lance dans une carrière d’agent à mi-temps pour au final, à la fin de la série (spoilers) décider d’ouvrir sa propre agence. Seulement, cette décision parait comme brutale dans son évolution. En effet, durant toutes les saisons, elle est presque souvent placée au second plan des arcs narratifs et surtout dans la dernière saison. Selon moi, son développement manque de fluidité et c’est regrettable qu’elle n’aie pas occupé plus de sa place dans l’intrigue. Il y avait pleins d’histoires exploitables avec son personnage en dehors de sa relation avec son père.
Le personnage de Mathias Barneville : Durant les quatre saisons, Mathias est présenté comme le méchant de la série. Manipulateur, il est prêt à tout pour sa carrière. Dans sa vie personnelle, il fait également figure de mari infidèle, menteur cachant un enfant illégitime à sa femme. L’acteur Thibault de Motalembert assure remarquablement son rôle d’antagoniste mais je trouve que son personnage manque de profondeur. Il est vrai que je suis friand des « bons vilains » mais au final, on ne comprend même plus ses motivations. Derrière son opportunisme aurait pu se cacher une raison plus profonde qu'une ambition. Si, à la fin de la saison 3, dans laquelle Mathias promet de se venger en quittant (se faisant virer) l’agence A.S.K., nous tient en haleine, la saison 4 nous déçoit. Ce dernier devient producteur, est toujours le même puis finit par avoir une rédemption après un séjour à l’hôpital à la fin de série. Pour lui, je voyais, une place de patron, ce qu’il a toujours rêvé et non à la botte de quelqu’un d’autre et c’est dommage que les nouveaux scénaristes n’aient pas pu donner plus de hauteur à son personnage.
Le personnage d’Hicham Janowski : Lorsque son personnage débarque dans la saison 2, j’ai directement accroché. Je me suis dis qu’il allait apporter beaucoup à la série. Charismatique et autoritaire self-made man, Hicham devient le nouveau patron d’A.S.K. Rival d’Andréa, il se finira par se révéler plus humain derrière son côté froid. Seulement dans la saison 4, il disparait complètement des radars et n'apparait qu'à de rares occasions. Ce qui est surprenant, c'est que son personnage avait lui aussi un gros potentiel scénaristique puis qu’à la fin de la saison 3, il s’était intégré dans l’agence en cédant à moitié son poste de PDG à Andréa. La suite logique aurait été d'en faire un personnage principal récurrent.
De plus, la série a manqué de nouveaux personnages secondaires en dehors des guests et l'intrigue autour d'Elise Formain (belle performance en tant que méchante) était beaucoup trop prévisible.
Après quatre saisons, "Dix pour cent" a tiré sa révérence avec la fermeture de l’agence A.S.K et de nouveaux horizons pour les personnages. Samuel, qui faisait figure du gentil, va "jouer les espions" chez l’agence concurrente, facette de la personnalité qui se dévoile trop tard. Il faut dire que son personnage était assez lisse tout le long de la série et j’aurais bien aimé voir un côté sombre de lui. Ma plus grande déception se trouve dans l’avenir d’Andréa Martel. Personnage emblématique de la série, la working girl/boss lady s’est imposée comme une personnalité incontournable. A la fin de l’épisode finale, Andréa décide de devenir mère au foyer ? Je ne sais pas si le but était l’effet de surprise mais tout l’univers construit autour d'elle s’effondre avec cette décision, ce qui gâche cette fin de série.
Au final, je pense que les intrigues des guests ont pris plus de place qu'ils ne le devaient ce qui a quelque peu effacé les personnages principaux de la série. Néanmoins, j'ai apprécié la série. Il parait que plusieurs projets de suite sont envisagés, en espérant qu'ils rectifient le tir.
N.B : un des points qui m'a dérangé dans la série a été résumé dans l'article suivant : https://www.madmoizelle.com/dix-pour-cent-racisme-1065321
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