Le point : Mortel saison 1

 

Je pense que tout le monde connait de loin ou de près la série "Mortel". Je crois que personne n’a pas pu passer à côté des faramineux moyens de communication mises en place pour la sortie de la série en novembre dernier cependant, je ne pense pas que tout le monde s'y soit réellement penché. Diffusée par la plateforme Netflix, "Mortel" raconte l’histoire de Sofiane (interprété par Carl Malapa), jeune lycéen à la recherche de son frère porté disparu. Sa quête de vérité va le mener à commettre l’irréparable, pactiser avec un démon. La série est composée de six épisodes et a été reconduite pour une saison 2, actuellement en tournage. 

Ce que j’ai aimé dans la série :

La diversité ethnique

Lorsque la bande annonce est sortie, rien ne laissait présager le contexte social dans lequel allait évoluer la série. Certes, on n’y a vu des acteurs aux profils diversifiés mais l’accent était mis sur le genre fantastique. En regardant la série, on se rend vite compte qu’elle prend place dans une banlieue et je trouve que c’était intéressant de voir des personnages issus des quartiers populaires dans un autre contexte que des histoires de drogues (on prie pour la saison 2 en soit épargnée). Au final, je trouve que les minorités ethniques ne sont pas vraiment (du moins dans la globalité) stéréotypées et c’est un point que je trouve important de souligner. 

La partie pris artistique

Ce qui est notable également dans la série, c’est l’originalité de la mise en scène. On le sait, les séries françaises ne sont pas réputées pour prendre des risques et déjà, produire du fantastique relève de l’audace. Ce qui m’a marqué, c’est l’univers de la série (couleurs, lumières, décors, beaucoup de plans « caméra épaule ») semblable à un film de genre. L’effet est de rendre le spectateur angoissé et j’ai beaucoup apprécié l’initiative. Au niveau des "costumes", j’ai bien aimé les pièces vintages. On pourrait même douter de l’époque de la série avec les styles venus tout droit des années 90. 

Ce qui m’a dérangé dans la série :

Le jeu d’acteur et dialogues

J’ai trouvé que le jeu d'acteur de certains sonnaient faux et les dialogues étaient parfois clichés et pas forcément crédibles. 

Les arcs narratifs

J’ai bien aimé les storylines, ils étaient intéressants et correspondaient parfaitement aux codes narratifs des séries. Cependant, je trouve qu’au milieu de cette courte saison de six épisodes, on finit par s’ennuyer parce qu’on sait que l’intrigue va être dévoilée au dernier épisode. Les épisodes manquaient de retournements de situation et de cliffhangers malgré un premier épisode réussi. Je pense que le format de 50 minutes était trop long, dans ce cas, il aurait fallu selon moi réduire les épisodes (de 30 minutes) et rallonger la saison. 

Le représentation du vaudou 

Dans la série, Sofiane rencontre Victor (incarné par Nemo Schiffman), un autre lycéen, paumé et victime de troubles psychologiques, avec lequel il s’allie pour retrouver son frère. Les motivations de cette association sont qu’ils doivent se lier par le sang par l’initiative du démon Obé. Le troisième personnage principal est Louisa (interprétée par Manon Bresch), ex petite amie du disparu et petite-fille d’Elisabeth, sorte de guérisseuse vaudou du quartier. En gros, le surnaturel de la série s’articule autour du vaudou. De là, j’ai compris pourquoi il y avait tant de diversité. Lorsque le sujet est abordé, je m’attendais à un meilleur traitement.

Le vaudou est une religion originaire d’Afrique de l’Ouest et précisément de l’ancien royaume du Dahomey (plus ou moins l'actuel Benin). Durant la traite transatlantique, il s’est implanté chez les peuples créoles des Caraïbes, certains coins des Amériques et notamment à la Nouvelle Orléans. Face à cette pratique spirituelle, les Occidentaux (et le reste du monde par la suite) l’ont diabolisé. Aujourd’hui, le Vaudou est rattaché au satanisme alors qu’il est en réalité une « religion ». Dans "Mortel", il aurait été intéressant d'y intégrer une démystification du vaudou au lieu de cela, il est présenté comme de la magie noire et rien d’autre. Même lorsque nos protagonistes s’intéressent au démon et ce qui en découle, nous n’apprenons rien (une petite recherche Google suffit). Je sais que la série a été renouvelée mais il aurait fallu mettre les points sur les i dès le début et ne pas rentrer dans les clichés. 

Les effets spéciaux

Le démon porte des lunettes Asos pour un effet yeux rouges. J’espère qu’ils ont obtenu plus de financements pour la saison deux. 

Ce que j’attends de la prochaine saison :

Comme dit précédemment, un meilleur traitement du vaudou. Dans le dernier épisode (spoilers), Louisa s’envole pour un stage initiatique à la pratique vaudou (littéralement Poudlard) donc on espère un nouvelle image de cette religion. 

Un traitement du sujet des troubles psychologiques

Dans la première saison 1, Victor semble être victime de troubles psychologiques même si on finira par se rendre compte que quelque chose de surnaturel se cache la dessous. On espère avoir une lumière sur ces sujets qui sont tabous dans notre société parce qu’ils n’ont pas vraiment été abordé mis à part via l’usage de sous-entendus. 

Le personnage de Reda 

Le cliffhanger de la saison 1 s'apparente au retour inattendu de Reda, frère de Sofiane disparu, qu’on croyait mort jusqu’ici. J’attends beaucoup de son retour. D’abord, je me demande si on va décider de le cacher ou alors s'il va revenir complètement en espérant reprendre une vie normale. 

Pour ma part, j’aimerai qu’il revienne vraiment. Son personnage a un gros potentiel puisqu’il est l’élément central qui relie nos personnages.  Ce qui est sûr, c’est qu’il aura le rôle du fauteur de troubles dans les relations de nos personnages principaux (Victor/Louisa, Sofiane/Louisa). Même si au dernier épisode, Sofiane et Victor semblent ne plus s’adresser la parole, on sait qu’ils seront à nouveau réunis car le démon Obé voudra sûrement sa revanche. Bien évidemment, les indices semées dans la saison 1 présentent Reda comme une forte personnalité. Il est le capitaine de l’équipe de lutte, sort avec the girl next door, Louisa et sa disparition a eu un impact considérable dans la vie de nos personnages. Je vois en lui un potentiel antagoniste (sûrement face à Victor), il est certain qu’il aura un côté sombre (et on aime les bons vilains ici) et je pense qu’il ne risque pas de rester de façon permanente (mort ou départ probablement). 

Puis un meilleur jeu d’acteur, de dialogues plus naturels, des effets spéciaux plus crédibles et des nouveaux personnages intéressants seraient plus que nécessaires.