La fin d’année 2017 a été une période marquante pour la plateforme américaine Netflix et ce grâce au succès international de la série espagnole "Casa de Papel". La série est un mélange entre drame, thriller et braquages piochant fortement dans le catalogue des films cultes américains (Inside Man et Reservoir Dogs pour n’évoquer qu’eux). Son intrigue est la suivante : « Un homme mystérieux, surnommé le Professeur, planifie le meilleur braquage jamais réalisé. Pour exécuter son plan, il recrute huit des meilleurs malfaiteurs en Espagne qui n'ont rien à perdre » (source : Wikipédia). Etant basée sur deux saisons, Netflix décide de produire la série pour les trois prochaines saisons, cependant, au fil du temps, le prolongement de la série ne semble devenir qu’un produit marketing.
Tout d’abord, je vais donner mon avis sur la série en globalité. J’ai découvert la série début 2018 et j’ai directement accroché. Ce n'est pas forcément une chef d'oeuvre mais le truc, c’est qu’elle est clairement basée sur le suspens. Chaque fin d’épisode est un véritable cliffhanger, l’histoire tient debout et les scènes d’actions sont particulièrement jouissives. Les points négatifs que j’ai dénotés se trouvent dans le jeu de certains acteurs, quelques incohérences et un rallongement abusive d’intrigues (braquages sur deux ou trois saisons par exemple).
De plus, j’ai comme l’impression que le succès des deux premières saisons ont eu une influence dans l’écriture des deux dernières. Par exemple, le fait de reproduire un deuxième braquage, ou encore, de multiplier les flash-backs avec les personnages populaires décédés. C’était comme si Casa de Papel avait pour unique but de satisfaire son public. En effet, c’est le cas de toutes les séries d’être rentables mais dans ce cas là, c’est l’intrigue qui en pâti.
Ce que j’ai aimé dans la série :
Le personnage Gandia
Dans la saison 4 (et saison 3), Gandia est le garde du corps du directeur de la banque d’Espagne et agent superentrainé détenu par nos braqueurs qui a totalement réveillé l’intrigue qui est plutôt molle dans la saison précédente. En redoutable adversaire, il a réussi à faire suer les protagonistes principaux jusque’à tuer Nairobi. Véritable révélation, c’est à se demander pourquoi son personnage n’avait pas été exploité depuis son apparition lors de la saison 3.
Le personnage de Alicia Sierra
Même si je dois avouer qu’au départ, je ne l’appréciais pas, j’ai finalement compris que c’était parce que son interprète était une excellente actrice. Impitoyable et maligne, c’est l’antagoniste qu’il nous fallait face à nos braqueurs et je salive déjà d'assister sa rencontre avec le professeur.
Ce qui m’a dérangé dans la série :
Les flash-backs
La particularité de la Casa Papel tient de sa narration constituée de nombreux flashbacks. Dans les premières parties, ces retours en arrière revenaient sur la préparation du braquage mais depuis la troisième partie, c’est devenu plus flou. On se retrouve avec une intrigue avec le mariage de Berlin, on retourne à l’époque de préparation du premier braquage puis du deuxième braquage. Au final, on s’y perd. C’est comme si les scénaristes voulaient faire plaisir aux téléspectateurs en faisant revivre les personnages décédés. Sauf que ce n’est pas forcément nécessaire. Si le choix scénaristique était de tuer un personnage, c’est bien pour une raison, pas pour qu’il revienne à chaque épisode.
Le retour inutile des personnages
Pour continuer dans cette lignée, c’est pour cette raison que je pense que "Casa de Papel" s’alimente uniquement de buzz. Si les personnages décédés réapparaissent dans d’innombrables flash-backs, d’autres comme Arturo, bénéficient d’arcs narratifs loufoques pour les faire revenir. Ce dernier réussit à s’introduire dans un nouveau braquage volontairement. Pourtant, sa présence n'apporte rien d’intéressant à l’intrigue. Par ce biais, les créateurs de la série semble appliquer le proverbe « On ne change pas une équipe qui gagne » en réutilisant la même recette qui a offert un succès aux premières saisons. Seulement, si les équipes n’avaient plus d’inspiration et n’étaient plus capables de se renouveler, pourquoi reconduire des saisons si ce n’est pour le buzz et l’argent ?
Le quatuor amoureux Denver/Monica/Tokyo/Rio
Et si l’insupportable couple Tokyo et Rio est indispensable à l’intrigue (et s’est attiré les foudres des haters et l’admiration des fans), cela ne veut pas dire qu’on souhaite que la série devienne un remake de Scènes de Ménages. Les disputes entre Denver et Monica, sa comparaison entre deux modèles de voiture, n’ont rien apporté mise à part du clout peut être. C’était inutile, ennuyeux et c’est le genre de choses qui nuisent à la série.
Ce que j’attends dans la prochaine saison :
Des back-storys
A la fin de la troisième partie, la cruelle Alicia Sierra concocte l’idée diabolique de tendre un piège à Nairobi en ramenant son fils. Nairobi finira par s’exposer et se faire tirer dessus. La saison s’achève de cette manière et on se dit « enfin, on va en savoir plus sur sa vie personnelle avant sa rencontre avec le professeur ». Lorsque la saison 4 sort, il n’en n’est point. On n’apprends rien sur sa vie antérieure et c’est ce qui manque à la série. Je veux bien que l’anonymat des personnages faisaient partie du concept de la série mais après tant d’épisodes, je pense qu’il n’est plus possible qu’ils restent des inconnus à nos yeux. Que ce soit des flash-backs sur Tokyo, Berlin, Denver et les autres, cela aurait apporté une profondeur à nos personnages.
Plus d’arcs narratifs intéressants et un rythme plus effréné
Je pense qu’il faudra abandonner les flash-backs inutiles et les storylines qui n’apportent rien. D’un autre côté, il est nécessaire d’accéléré les rythmes de l’intrigue. Cela fait quand même deux saisons sur un seul et même braquage.
De plus, la série veut tout aborder : les agressions sexuelles, la question du genre comme si elle cochait les cases d’un cahier des charges. Le supercherie est difficile à cacher et je pense que Casa de Papel permet de relancer le débat de marchandisation dans le domaine de l’art. Doit-on produire de l’art uniquement pour se faire de l’argent ?
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